Je devais passer l'examen le jeudi 14 mais comme je me débrouillais mieux que l'élève qui devait passer aujourd'hui, on m'a mis à sa place. Ce dernier avait une phobie des revêtements mouillés et n'arrivait pas à faire l'évitement.
Seulement le lent je galère vraiment, j'ai bien progressé mais je n'ai aucune maitrise sur mes trajectoires.
Je ne fais que rattraper mes boulettes, et quand je n'ai rien à rattraper je commet l'irréparable. J'ai même chuté hier en faisant caler la moto.
Et puis horreur, je n'avais pas révisé mes fiches. J'ai accepté de passer dans 24 heures sans même savoir qu'il fallait maitriser les fiches. Je me suis rendu compte au dernier moment du temps d'étude que ça prenait. Ainsi j'ai commencé à bosser à 2 heure du matin pour m'endormir vers 6 heure du matin.
Je paniquais à 4 heure du matin voyant que j'en étais seulement à la fiche 4. Fort heureusement les dernières fiches étaient très simples (équipement, assurance, …).
En effet j'ai le permis B depuis 15 ans et j'ai fait 6000 kilomètres en 4 mois avec ma R125 2019. De plus j'ai passé le code il y a 1 mois et il se trouve que c'est très utile.
J'ai donc dormi seulement 4 heures la veille d'un examen, sachant que j'avais déjà dormi 5 heures la veille.
Un café + 1 Red bull minimum pour ce matin.
A l'échauffement c'est une catastrophe, je renverse les piquets à l'aller et au retour. Ma monitrice décide de se mettre comme passagère et me dit de faire du lent. J'ai du mal à conserver l'accélérateur et le point de patinage en même temps. Je préfère donner des brefs lâchement de gaz mais ça m'a valu plusieurs calage et même une chute récemment.
Elle me donne des instructions que je comprend parfaitement comme y aller doucement dès le départ avec le passager, pour éviter d'utiliser le frein arrière, ce qui me déconcentre, puis de relancer la moto après les premiers plots. Et puis le regard, regarder la voiture au loin et surtout pas les piquets.
La poussette et les vérifications moto
… se sont bien passés. Quand je retourne vers mes collègues, ma monitrice me dit "toi t'as raconté ta vie". En effet j'ai raconté ma vie lors des vérifications concernant la transmission et ça a agacé l'inspectrice qui a exigé que j'abrège d'urgence. J'ai tout de même eu un A, mais pas un exploit me disais-je. sujet : Allumage moto + éclairage avant + transmission (j'ai raconté ma life sure le graissage de chaîne)
A
Puis vient le lent. Je m'attendais à un peloton d'exécution. Je me disais que l'échauffement valait comme des cours de conduite, la gestion du stress, tout ça est très utile, mais avoir l'examen, faut pas rêver. Ceci est une séance d'humiliation. Toutefois, la possibilité de réussir me remplissait de stress.
Je dis à ma monitrice que je sens venir le désastre.
Elle me dit "Non".
Le lent
J'ai pensé à quelque chose qui m'a calmé, me disant que c'est ma moto et que je devais en prendre soin.
J'ai commencé en faisant des zigzags laborieux mais les trajectoires étaient en fait correct. J'ai utilisé la poignée des gazes par à-coups ce qui me permet de relancer la moto après un franchissement de plot. Par miracle, j'ai atteint les piquets sans faute et je ne suis pas encore mort. Et là le drame se produit, je cale. Sang froid comme un varan, je remets le moteur en marche, la moto est quasiment arrêtée, et lance un gros VROOOM sur le point de patinage et je repars. Je pense à gagner du temps avant la sortie des piquets, la mésaventure du calage m'ayant aussi fait gagner pas mal de temps.
Sortant de la zone chronométrée, le stress grandit en moi, je passe dans l'évitement sans problème et je place la moto pas trop mal pour le demi tour que je réalise avec un stress inouï. Hier je calais exactement à cet endroit.
Je m'arrête prendre mon passager. Il me rassure en me disant que j'y suis presque et que j'ai fait le plus dur.
Je lui répond que je ne me sens pas bien.
J'y vais tout doucement, il est plus léger que ma monitrice. Il s'est porté volontaire pour faire le rôle du passager comme il est le plus léger (60kilo). Il y a 5 minutes, j'avais voulu faire de l'humour avec l'inspectrice en lui demandant si ce n'était pas de la triche de procéder ainsi. Elle m'avait répondu que si effectivement, il fallait normalement prendre le plus balèze de tous.
Le stress est à son paroxysme, j'avais renversé les piquets devant tout le monde, et tout le monde devait penser, lors de l'échauffement, que j'étais foutu à l'avance.
Seulement il se trouve que cette fois j'ai pensé à gérer mon regard et j'ai fixé les seconds piquets avant même de passer les premiers piquets, puis j'ai regardé au loin, puis je me suis crié dessus "à droite, à droite" pour être sûr de ne pas me tromper.
La monitrice vient me voir, me signale que j'ai calé dans les piquets mais comme j'ai redémarré sans poser le pied, ça ne lui posait pas de problème.
J'explique à mes collègues que j'ai eu de la chance. Un moniteur me rétorque que ce n'est pas de la chance, que je me suis battu pour l'obtenir.
A
Freinage d'urgence, slalom et évitement
La pression se maintient fermement, les enjeux deviennent énorme à mon sens, le freinage d'urgence et l'évitement sont des épreuves que je maitrise assez bien, quoi que un peu moins bien de ce côté ci.
L'inspectrice nous explique le parcours. Je me mets à flipper, et je vais jusqu'à lui demander de quel côté il faut prendre le plot. Elle hallucine de ma question. Bref, "désolé je stress", le mieux est que je regarde quelqu'un d'abord, et puis tout me reviendra. D'ailleurs ça m'est revenu de suite.
Le freinage d'urgence sous la pluie se passe très bien, je laisse la moto parcourir les 50% supplémentaires autorisés.
A
Le slalom se passe également très bien, mais horreur à l'évitement, je me suis mis trop à gauche du couloir et j'ai renversé un plot, par celui de l'évitement, mais un plot du couloir.
L'inspectrice me signale que j'ai un C pour l'instant et que je dois recommencer, sachant que j'étais à peine à 50, donc trop lent. Dernier essai.
Je n'ai pas le droit à l'erreur, j'y vais avec assurance, surtout beaucoup plus vite, je vérifie le compteur deux fois, je redonne de la patate 5 mètres avant le couloir je réussi l'épreuve.
Je laisse exploser ma joie comme personne.
Ma monitrice vient me signaler que j'étais encore trop à gauche du couloir, bien qu'elle soit contente que j'ai réussi.
Personnellement, je pense que du fait d'une vitesse pas assez élevée, je me suis engagé trop tôt sur la gauche.
A
Interrogation orale
Je tombe sur une fiche que j'ai apprise quasiment par
, la fiche 2.Quelle chance inouïe, je l'avais bossé cette fiche, j'ai bien fait de ne pas dormir cette nuit, il fallait connaître les différents points et les mémoriser.
Je fais une introduction rappelant que les accidents en solo représentent 1/3 des tués et donc 2/3 pour les collisions avec les autres usagers.
J'argumente en parlant d'une vidéo YouTube où l'on peut voir un accident mortel en dépassement alors que la voiture tourne à gauche pour démontrer la dangerosité extrême de certaines situations.
Je vais jusqu'à mentionner les excréments d'animaux qui peuvent se trouver sur la route pour expliquer où se situe l'inexpérience des motards.
J'explique la distinction entre l'inexpérience du code de la route et l'inexpérience de la conduite de la moto, la méconnaissance des usagers dont chacun veut sa portion de route pour lui tout seul, sa priorité.
A
J'ai réussi l'examen plateau, je suis sidéré, je n'arrive pas à y croire !
